Pont de fer, vestige des années folles

Le pont de fer, érigé en 1893, s’étend sur une longueur de près de 50 mètres au-dessus de la rivière de la Besbre, à proximité du lieu-dit des Quillets, entre les anciennes gares de Servilly et de Trézelles, sur la ligne « Dompierre – Lapalisse ».
Cet ouvrage métallique se caractérise par ses deux poutres latérales entretoisées, assemblées par des rivets, construites par l’entreprise Schmid & Cie, spécialisée dans la construction de combles, ponts et charpentes en fer, et dirigée par l’ingénieur civil franco-suisse, Alfred Schmid.
Érigé sur une dalle en béton armé, ce pont se démarque par son système de support singulier : au lieu d’être scellé de part et d’autre, il possède un appui fixe à un bout et un appui mobile reposant sur des galets amovibles à l'autre extrémité, offrant ainsi une souplesse qui permet à la structure de se dilater et d’absorber les tensions générées par le passage des trains.
La rigidité de cet ouvrage, de type « pont-cage », est garantie par des profilés métalliques positionnés sur ses flancs et sa partie supérieure. L’assemblage de toutes ses composantes est assuré par de nombreux rivets, dans la lignée des techniques employées par Gustave Eiffel. Cette filiation n’est pas surprenante, car Alfred Schmid a débuté sa carrière dans les bureaux de construction de la célèbre entreprise Eiffel. Schmid a notamment dirigé la réalisation de toutes les parties métalliques et mobiles du barrage de Port-Mort pour le compte des Etablissements Gustave Eiffel.



Le pont de fer de Trézelles est l’un des vestiges subsistants de la ligne ferroviaire reliant Dompierre-sur-Besbre à Lapalisse. Depuis la fermeture définitive des lignes en 1939, ce pont a perdu toute utilité ferroviaire, mais demeure un passage pittoresque emprunté par les randonneurs en quête d’aventure et de découverte des paysages bucoliques de la campagne bourbonnaise.

Né à Winterthur (Suisse) le 11 juillet 1851, Alfred, Henri SCHMID a étudié à l’Ecole polytechnique de Zurich avant d’intégrer les bureaux de construction de la maison Eiffel. Quelques années plus tard, il créera sa propre société, l’Etablissement « Schmid & Cie ». Décoré de la Légion d’honneur en 1900, Alfred Schmid a contribué à plusieurs chantiers majeurs de construction parmi lesquels la Tour Eiffel, le Pont du Douro (Espagne), les agrandissements des Grands Magasins du Bon Marché, ceux du Crédit Lyonnais et des Galeries Lafayette. En 1878, il construisit pour l'Exposition internationale le Grand Pavillon de la Ville de Paris, et lors de l'Exposition de 1900, il fut chargé de la construction du trottoir roulant et d'un pavillon analogue. Alfred Schmid est décédé à Paris en décembre 1920.
Le pont, dans son ensemble, semble être en bon état général, malgré les vicissitudes du temps. Il serait toutefois indiqué de le décaper de sa rouille et de repeindre entièrement le tablier pour qu’il retrouve sa splendeur originel, offrant ainsi un éclat renouvelé à cet ouvrage.
Ouvrage d'art remarquable
Le pont de fer est un ouvrage d’art remarquable par son histoire, sa technique et son intégration à l’environnement, à l’échelle du territoire, mais aussi des localités avoisinantes. Ce pont, symbole de l'essor du chemin de fer et de l'avènement de nouveaux modes de transport, a profondément marqué la mémoire collective des habitants du village, comme en témoigne une chanson datant des années 30, intitulée « Le Tacot de Trézelles », où les habitants raillaient la vitesse de ce moyen de transport…